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Tereos vend sa sucrerie d’Escaudoeuvres à un fritier belge

Le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, s'est rendu le 28 août 2023 sur l'ancienne sucrerie d'Escaudoeuvres pour signer le protocole d'accord avec l'entreprise belge de pommes de terre Agristo.

L’entreprise belge de pommes de terre Agristo rachète l’ancienne sucrerie de Tereos d’Escaudoeuvres dans le Nord pour y investir 350 millions d’euros.

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L’entreprise agroalimentaire belge Agristo a acheté le 28 août 2023 au groupe sucrier Tereos son site nordiste d’Escaudoeuvres, pour y ouvrir en 2027 une usine de transformation de pommes de terre avec quelque 350 emplois directs à la clé. Agristo prévoit un investissement de 350 millions d’euros pour entamer la production au second semestre de 2027 dans une usine construite à neuf, un projet prévoyant la création « à terme d’environ 350 emplois directs », selon le ministère. La capacité de production annuelle sera de 300 000 tonnes de produits finis.

Partenariats avec les agriculteurs locaux

Fondée en 1986, Agristo emploie quelque 1 200 salariés sur quatre sites en Belgique et aux Pays-Bas et a produit l’an dernier « 850 000 tonnes de produits finis, distribués dans le commerce de détail et en restauration, pour un chiffre d’affaires de 900 millions d’euros », indique Agristo dans un communiqué de presse publié le 28 août. Son objectif est de « renforcer des partenariats avec des centaines d’agriculteurs locaux ».

« Un investissement dans le nord de la France est une étape logique dans la stratégie de croissance d’Agristo, souligne Hannelore Raes, dirigeant d’Agristo. En plus d’avoir un bassin d’agriculteurs expérimentés dans la culture de la pomme de terre, il y existe de bonnes connexions logistiques. »

Le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, s’est rendu à la mi-journée sur le site de la sucrerie, qui employait 123 personnes avant sa fermeture en mars dernier, pour la signature de cet accord.

« Je suis ravi de l’accord trouvé aujourd’hui par Agristo avec Tereos, qui est une première étape majeure dans le projet d’investissement d’Agristo en France, souligne le ministre. L’investissement prévu est très significatif, et permet d’envisager un nouvel avenir industriel pour le site d’Escaudoeuvres, particulièrement important pour l’emploi autour de Cambrai. »

« Le projet de réindustrialisation du site d’Escaudœuvres, qui devra pour se concrétiser être accompagné par les services de l’État, va se découper en plusieurs séquences, informe Tereos par voie de communiqué le 28 août 2023. D’ici à 2025, une étape technique, administrative et d’autorisation industrielle, qui devrait être simplifiée puisque le projet s’inscrit dans une continuité de l’activité agroalimentaire, une étape de démontage de l’usine existante et de préparation du terrain qui pourrait commencer en 2023, un début de construction pour 2025 et un démarrage de la production espéré en 2027 (deuxième semestre). »

Accompagnement de l’État

Le projet ne prévoit la reprise d’aucun des salariés de la sucrerie fermée par Tereos, propriétaire des marques Béghin Say et La Perruche. Le PSE conclu en juin prévoit qu’un reclassement interne leur soit proposé en septembre.  « Au total une vingtaine de licenciements secs » sont anticipés, pour autant de salariés refusant les postes proposés, selon le ministère. L’État va « continuer à accompagner » le projet d’Agristo « pour qu’il aille au bout et que la production puisse commencer dans les meilleurs délais », a relevé le ministère, évoquant notamment de « potentielles subventions ».

Tereos doit par ailleurs maintenir sur une partie du site des activités logistiques, de support et une partie du service agricole employant 40 des 123 salariés de départ. Deuxième groupe sucrier mondial — derrière l’Allemand Südzucker — Tereos avait annoncé au début de mars la fermeture de cette sucrerie, ainsi que de sa distillerie de Morains (Marne), dans le cadre d’une « réorganisation industrielle ».

Le site d’Escaudoeuvres souffrait, selon le groupe, d’une « baisse de volumes de betteraves engagés », s’expliquant « majoritairement par des raisons agronomiques (rotation culturale, sécheresse, jaunisse) ». Roland Lescure avait estimé après l’annonce de la fermeture qu’il n’était « pas normal » que le groupe ferme son usine du Nord, alors qu’il « gagne de l’argent ». Tereos a annoncé en juin avoir tourné la page d’une « crise sans précédent » et réalisé sur l’exercice 2022-23 un bénéfice opérationnel « record » dopé par les cours du sucre.

Nouvelle opportunité de développement

L’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) s’est félicitée ce lundi de cette proposition de rachat. Elle y voit « une nouvelle opportunité pour développer la production de pommes de terre en France ». Pour le syndicat, cette nouvelle implantation industrielle permettra de combler le déficit commercial dans les échanges de pommes de terre transformées, « tout en permettant de capter la valeur ajoutée au plus près des bassins de production nationaux ».

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